Missionné pour réaliser les raccordements de l’ensemble des parcs éoliens en mer français, RTE (Réseau de transport d’électricité) fait partie des acteurs majeurs du développement des EMR en France. Interview croisée de Carole Pitou-Agudo, la déléguée régionale Ouest RTE, et Hervé Macé, le directeur du projet de raccordement du Parc éolien de Saint-Nazaire.
Où en est le chantier de raccordement au réseau du parc éolien de Saint-Nazaire ?
H.M.: « C’est un ouvrage important car il s’étend du poste électrique en mer jusqu’au réseau RTE à 225 000 volts. Il est composé d’une double liaison, comportant une partie sous-marine de 33 km entre ce poste électrique et la zone d’atterrage, plage de la Courance à Saint-Nazaire, et d’une partie terrestre de 27 km, traversant cinq communes, de la plage jusqu’au nouveau poste électrique de Prinquiau, construit dans le cadre du projet.
Les travaux ont débuté à l’été 2019. En mer, les deux câbles ont été posés au cours de l’automne 2020, le chantier est à présent terminé. Et à terre, les travaux de génie civil (création de tranchées et pose de fourreaux pour les câbles souterrains) sont achevés. Le raccordement du poste de Prinquiau au réseau est effectué en septembre. Nous engagerons dans la foulée une phase d’essai, pour une mise à disposition du raccordement au 2e trimestre 2022.
Il s’agit de travaux avec une technicité particulière, pour lesquels nous avons fait appel au maximum à des entreprises locales. Nous estimons les retombées économiques en Loire-Atlantique à 20 millions d’euros sur un coût total de projet de 300 millions d’euros. Pour la partie liaison souterraine, près de 20 personnes ont été embauchées avec un contrat d’insertion pour 13 500 heures à effectuer au global. »
Dans le cadre de la PPE (Programmation pluriannuelle de l’énergie) (1), l’État prévoit de lancer des appels d’offres tous les ans. Un challenge de taille…
P.-A.: « C’est une fierté de pouvoir travailler sur des projets de cette envergure. On est au cœur de la transformation du monde énergétique et de la préparation du réseau de demain !
Dans sa PPE, qui est en lien avec sa stratégie bas carbone, l’État a en effet affiché une ambition importante pour le développement des parcs éoliens maritimes : il prévoit entre 5 et 10 GW d’EMR raccordés d’ici 2028, et entre 12 et 15 GW d’ici 2035. Il a missionné RTE pour réaliser les raccordements de l’ensemble des parcs éoliens en mer. »
Concrètement, comment vous organisez-vous au sein de RTE ?
P.-A.: « En tant qu’opérateur industriel de la transition énergétique, et pour accompagner cette mutation, RTE va investir dans les 15 prochaines années environ 33 milliards d’euros, dont 7 à 8 milliards d’euros dédiés au raccordement des énergies marines renouvelables. Pour nous, l’enjeu est de réaliser des raccordements au meilleur coût et avec le moindre impact environnemental. Nous avons aussi un travail important de concertation à mener pour favoriser la compréhension par la population de ces projets complexes, en concertation avec les autres acteurs, l’État, les collectivités, les agriculteurs, pêcheurs, riverains qui peuvent être impactés.
Nous avons largement investi dans des compétences spécifiques afin de monter en puissance sur la connaissance de la biodiversité des fonds sous-marins et trouver ainsi les meilleurs tracés. Nous avons constitué de nouvelles équipes pour prendre en charge ces programmes très ambitieux. Aujourd’hui, une centaine de salariés sont mobilisés. Et nous allons continuer à recruter largement. »
Quelle sera votre présence à Seanergy ?
P.-A.: « Nous serons présents sur un stand pour évoquer l’ensemble des projets de RTE. Et nous proposerons le 24 septembre un parcours de visite sur le site du chantier du parc de Saint-Nazaire. C’est l’occasion de mettre en visibilité les missions de RTE et de montrer comment ce type de chantier s’insère dans l’environnement. Seanergy est une très belle opportunité de montrer que la transition énergétique est bien en marche. C’est le début d’une longue histoire ! »
Actuellement sont en travaux les parcs de Saint-Nazaire, Fécamp, Courseulles-sur-Mer. À venir, EMYN, Saint-Brieuc et Dunkerque. Des instructions sont en cours pour organiser de nouveaux appels d’offres en Méditerranée, au large d’Oléron et en Normandie, ainsi qu’au sud de la Bretagne, pour installer le premier parc éolien flottant.