Navalu et les EMR : l’innovation, pari gagnant !

19 Mai 2014
IndustrieTerritoire
Le Sea Fox de Navalu

La petite entreprise ne connaît plus la crise. Face à l’effondrement de ses débouchés historiques, le constructeur naval vendéen Navalu a décidé de se diversifier dans les EMR dès 2010. Une stratégie qui porte ses fruits, puisque les effectifs et le chiffre d’affaires ont doublé en moins de trois ans !

 

En trois ans, les effectifs de Navalu sont passés de 7 à 16 et le chiffre d’affaires a doublé. Bernard Minguet, le dirigeant, peut avoir le sourire. « Mais nous sommes une petite entreprise et ça a été très dur pour en arriver là, nous avons réalisé énormément d’efforts », tempère-t-il. 

Flash-back. En 2002, Bernard Minguet est dirigeant d’une entreprise spécialisée dans le bobinage (vente, réparation de moteurs et pompes) répartie sur trois ateliers. Il rachète l’entreprise Garreau (un seul salarié), une « forge marine » qui fabrique des machines et des bateaux pour l’ostréiculture et la mytiliculture. « Ce n’était pas un client de ma société alors qu’ils consommaient beaucoup de pompes : je m’assurais ainsi de nouveaux débouchés commerciaux ».

 

La R&D dans l’ADN

 

En 2004, le marché des machines étant trop concurrentiel, Bernard Minguet décide de spécialiser l’entreprise dans la construction de bateaux, et plus précisément des navires en aluminium (d’où le nom Navalu, pris en 2008). « C’est un matériau noble, léger, robuste et facilement réparable. L’aluminium a longtemps souffert d’une mauvaise réputation dans la construction navale à cause de phénomènes d’électrolyse, mais des innovations ont permis de dépasser ces problèmes. »

En 2006, il embauche un ingénieur pour se doter d’un bureau d’étude interne et l’entreprise déménage ensuite dans des locaux de 1000 m² à Bouin. Changement d’ambitions : Navalu peut construire des bateaux jusqu’à 20 mètres de long et s’attaquer au marché international (Irlande, Nouvelle Calédonie, Espagne…).

 

Une crise et une mue

 

En 2009, la crise de l’huître atteint Navalu de plein fouet, et les commandes s’effondrent. Bernard Minguet se démène pour trouver de nouvelles opportunités. « Nous avons investi beaucoup de temps pour répondre à des appels d’offres et avons lancé une diversification de notre gamme afin de proposer des bateaux portuaires. »

Il entend alors parler des EMR et du potentiel de l’éolien offshore pour les entreprises locales. Mais l’entrepreneur redoute que l’avance des pays de l’Europe du Nord assure à leurs entreprises un avantage concurrentiel décisif. Pour sonder le marché, il se rend tout de même à Copenhague en 2012 pour assister au salon international Ewea sur le stand régional, puis prospecte en Angleterre. Excellente initiative : Navalu décroche un contrat avec Enviroserve pour construire des bateaux dédiés à la maintenance des champs éoliens offshore.

 

Premier bateau français dédié aux EMR

Le NxS 24 a été spécialement conçu pour répondre aux spécificités des énergies marines renouvelables (voir encadré). Une fierté. « Navalu est le premier chantier naval français a avoir réalisé un bateau spécialement conçu pour l’éolien offshore », se réjouit Bernard Minguet. Le premier bateau a été livré, et le second est actuellement en construction. 

Une option pour la construction d’un troisième devrait être levée et d’autres contacts pourraient prochainement déboucher sur de nouveaux contrats, notamment en France. « Mais tant que rien n’est signé, rien n’est assuré« , nuance Bernard Minguet, « le marché français n’est pas encore aussi important que ce qui était prévu, mais nous parvenons à nous différencier des grosses sociétés leaders en proposant du sur-mesure. »

NxS 24 : la maintenance offshore en toute sécurité

Le NxS 24 de Navalu est un catamaran à double coque conçu pour des opérations de maintenance sur des parcs éoliens offshore. Imaginé en collaboration avec le client, il est doté de deux moteurs, chacun pouvant assurer seul la propulsion en cas de panne. Il peut embarquer douze personnes et six tonnes de matériel en faisant preuve d’une grande stabilité.

Une reconnaissance au niveau européen

 

Malgré ses airs de Petit Poucet, Navalu voit toujours plus loin. D’abord sur son métier : « Nous sommes en lien avec plusieurs écoles, comme l’École centrale de Nantes, et on innove toujours ! » D’autant qu’avec la fin de la crise ostréicole et le retour de commandes sur son métier historique, la diversification des activités assure de belles perspectives.

Dès 2011, Bernard Minguet a par ailleurs embauché un commercial dédié au développement international et l’entreprise participe activement à de nombreux salons pour étoffer son portefeuille clients. Une stratégie exposée par le dirigeant lors du Colloque national EMR de Nantes. Aujourd’hui, l’expertise de Navalu est reconnue au niveau européen, « de la Méditerranée à la mer du Nord », et la PME réalise 60 % de son chiffre d’affaires à l’export. Bel exemple d’une réussite portée par le sens de l’entreprise et de l’innovation.

 

Pour en savoir plus : http://navalu.fr

« Soutenir les entreprises qui feront le pari des EMR »

Christophe Clergeau, 1er Vice-président de la Région des Pays de la Loire en charge de l’économie et de l’innovation

Fin février, Christophe Clergeau a visité les locaux de Navalu, agrandis en 2012 pour permettre de construire simultanément deux navires jusqu’à 35 mètres. L’occasion d’affirmer l’appui de la Région aux entreprises qui participent au développement de la filière EMR.

« L’aventure de l’éolien offshore constitue une chance pour l’économie vendéenne qui se traduit concrètement par des créations d’emplois. Il y a en Vendée un savoir-faire historique pour la construction de navires sur lequel il faut capitaliser. Comme elle l’a fait avec Navalu, la Région soutiendra les entreprises du territoire qui feront le pari des énergies marines renouvelables. »