Le premier parc éolien flottant de 250 MW sera installé au sud de la Bretagne à horizon 2030, ce parc devrait comporter entre 15 et 20 éoliennes. Leaders de l’éolien en mer en France, EDF Renouvelables et Maple Power ont créé la société Eoliennes Flottantes Bretagne Grand Large afin de répondre à cet appel d’offres. Ce projet ambitieux permettra de poursuivre l’aventure industrielle, technologique, humaine et environnementale construite en France autour des projets de Saint-Nazaire, Fécamp, Courseulles-sur-Mer, Provence Grand Large ou encore Dunkerque.
Interview de Michel Benoit, Directeur du projet pour EDF Renouvelables
Pouvez-vous présenter votre consortium et ce qui fait sa force par rapport aux autres candidats présélectionnés ?
EDF Renouvelables et Maple Power sont des partenaires expérimentés dans le développement, la construction et l’exploitation de parcs éoliens en mer en France et à l’international, avec une même vision long terme de projets élaborés avec les acteurs du territoire. Une partie de l’équipe de développement territorial de ce projet est déjà installée dans notre agence nantaise.
Nous avons en amont du développement de ce projet retenu la technologie de flotteur développée par BW Idéol, acteur bien connu en Pays de Loire puisque ce flotteur a été construit à Saint-Nazaire et installé en mer en 2018 sur le site du SEM REV. Ceci nous permettra de proposer une solution technologique éprouvée et crédible, à même d’être mise en œuvre dans les meilleurs délais en associant le plus largement possible les compétences du territoire.
Avec le parc éolien en mer de Saint-Nazaire, nous avons le plaisir d’accomplir ce que beaucoup attendaient et souhaitaient faire en France : construire avec succès un premier parc éolien en mer permettant d’initier et développer une filière industrielle compétitive locale ! Et avec le projet pilote Provence Grand Large, nous nous apprêtons à construire et mettre en service un premier parc éolien flottant en Méditerranée. Cette fierté que nous partageons avec les territoires est le fruit d’un dialogue continu avec l’ensemble des acteurs. Nous sommes pleinement mobilisés pour poursuivre l’aventure de l’éolien avec ce premier projet flottant au sud de la Bretagne.
Une des principales forces de notre candidature, ce sont les compétences de femmes et d’hommes expérimentés, enthousiastes et qui œuvrent déjà à la conception de ce projet, avec le soutien de partenaires qui partagent une même volonté d’ancrage territorial. L’équipe est prête à se lancer au côtés des acteurs locaux dans ce projet qui ne manque pas de nouveaux défis à relever. Nous sommes lucides, c’est un grand projet de territoire qui devra se construire ensemble et sur la durée. Sans parler de la filière industrielle française qui est plus motivée que jamais !
Quel est selon vous le principal défi à relever pour la construction du premier parc commercial flottant ?
Il y a naturellement de nombreux défis à relever pour s’assurer de construire ce premier parc éolien flottant commercial. Le principal objectif, à ce stade, est de construire une offre réaliste, crédible, compétitive et fiable, avec une conviction forte : ce projet ne pourra être réalisé qu’en travaillant dès à présent avec l’ensemble des acteurs du territoire pour assurer son intégration et son ancrage local.
D’un point de vue industriel, les technologies évoluent rapidement, l’éolien flottant disposent à ce jour d’un retour d’expérience moins important que l’éolien posé ; les infrastructures portuaires doivent s’adapter. Il est donc nécessaire d’anticiper les besoins et les réponses les plus adaptées. La France n’est, d’autre part, pas seule dans cette volonté de développement de l’éolien en mer (posé et flottant). Il risque donc d’y avoir dans les prochaines années une réelle tension du marché autour de la disponibilité d’équipements et de services. Cette croissance du marché, bien que très prometteuse pour la filière, constitue donc, si la chaine d’approvisionnement ne se développe pas suffisamment, un risque à ne pas négliger et l’expérience ainsi que les relations développées par notre consortium sont un atout pour sécuriser le calendrier envisagé du projet.
Quels sont selon vous les points forts et les points faibles de la filière française de l’éolien en mer ?
La filière française de l’éolien en mer est encore jeune, avec des usines de toute dernière génération, alors que les premières éoliennes produites en France viennent tout juste d’être mises en services. C’est une chance dans un contexte de volonté de réindustrialisation française. La filière est motivée, en perpétuelle réflexion, avec de multiples programmes de R&D et cette dynamique de croissance est une force à maintenir en donnant les perspectives nécessaires à la filière.
L’Etat a pour cela engagé un programme d’appels d’offres ambitieux, qui permet de donner la visibilité nécessaire à la filière et aux acteurs des territoires, ce qui sera déterminant pour assurer la pérennité de cette industrie.
Dans un contexte de multiplication des projets et d’augmentation de la taille des éoliennes et de leurs fondations, les infrastructures portuaires sont également un facteur critique de réussite de la filière française de l’éolien en mer. Le littoral français bénéficie de nombreux ports mais certaines limites actuelles, bien identifiées par les acteurs publics, doivent évoluer pour permettre aux ports de répondre pleinement aux enjeux de l’éolien en mer.
Les investissements à venir, nécessaires, seront ainsi déterminant pour ancrer la filière française de l’éolien en mer flottant dans nos régions et ce d’autant que la concurrence étrangère est très expérimentée.
Quelle est votre stratégie pour les retombées économiques locales du projet ?
La stratégie dépend tout d’abord d’une volonté. Cette volonté que nous exprimons au travers des très nombreux engagements de développement territorial que nous prenons depuis plus de 10 ans, nous l’avons mise en œuvre et démontrée sur les parcs éoliens en mer que nous construisons à Saint-Nazaire, Fécamp et Courseulles-sur-mer. Nous avons également signé la charte nationale pour une filière industrielle française de l’éolien en mer.
Ensuite, il s’agit de traduire concrètement ces engagements de développement économique et industriel, notamment en mobilisant nos partenaires industriels, en accompagnant les entreprises et en particulier les PMEs. Nous nous appuyons sur une méthodologie éprouvée déployée tout au long de la vie du projet. Nous avons déjà initié ce travail, notamment avec les acteurs économiques des régions comme Solutions&Co, Neopolia, Bretagne Ocean Power, Bretagne Pôle Naval… Nous serons ainsi en mesure d’accompagner le développement des PMEs sur ce marché, et de nous assurer de leur référencement auprès des différents donneurs d’ordre sur notre projet.
Au-delà de l’activité générée par ce projet, nous parlons ici du premier parc éolien flottant commercial en France et un des premiers dans le monde ; c’est donc une énorme opportunité pour la filière industrielle française et locale qui peut, en développant ses compétences et sa compétitivité, être pionnière sur le marché de l’éolien flottant et être ainsi capable de servir dans les prochaines années un marché européen et mondial promis à un très fort développement.
Je souhaite aussi souligner que nous menons sur nos projets de très nombreuses études environnementales, confiées à des PME et des instituts de recherche français. Cela représente des millions d’euros investis et une contribution majeure à l’amélioration des connaissances scientifiques sur le milieu marin.
Avez-vous des attentes particulières de la part des acteurs industriels et institutionnels locaux ?
Nous rappelons régulièrement aux industriels nos attentes et nos besoins futurs lors des différents rendez-vous dédiés que nous mettons en place, ou lors des événements professionnels comme Seanergy ou FOWT. La création d’une filière industrielle est une démarche collective et collaborative qui doit se mettre en place, en incluant également les fournisseurs de rang 1 qui construisent les principaux composants du projet (éoliennes, flotteurs, ancrages, câbles, sous-station,…) et qui sont des donneurs d’ordre importants pour les PMEs. La clé de la réussite pour les industriels réside dans leur motivation, l’anticipation et la volonté d’avancer, parfois en prenant des risques, dans l’optique d’être compétitif et de remporter des marchés.
Concernant les acteurs institutionnels locaux, ils sont impliqués dès la phase d’appel d’offres. C’est un point essentiel, car il faut être prêt dès aujourd’hui afin que le projet puisse avancer sans perdre de temps dans le contexte d’urgence énergétique et climatique actuelle.
Chacun a donc un rôle à jouer et doit rester mobilisé sur la durée pour réussir ce premier projet commercial d’éolien en mer flottant, développeur et acteurs du territoire, et nous nous attacherons à faire vivre ce travail collaboratif tout au long de la vie du projet.